Parler du vin autrement




L'accueil à la propriété et la vente directe font partie des moyens à la disposition du vigneron pour développer "l'interaction" avec le consommateur, et ainsi accroître ses chances de réussite... (©)
“Les consommateurs privilégient désormais les produits qui ont du sens, indique Anne-Sophie Lerouge, directrice de la communication à Interloire et auteur d’une thèse sur “le marketing expérientiel dans le vin”. Des études ont démontré que si on pouvait avoir une interaction, un échange avec le producteur, le produit pouvait être vendu 20 à 30% plus cher. L’essentiel est d’apporter une émotion, de tisser un lien. Et cela les vignerons le font depuis toujours en faisant déguster leurs vins. Certains vont plus loin en invitant des gens pour les vendanges, en leur proposant de venir passer une journée au domaine, avec dégustations, déjeuner, visite de vignes et d’un petit musée de vieux outils”.


De la difficulté à parler du vin à la radio.

Le viticulteur a alors tout intérêt à poursuivre la relation par Internet avec une newsletter ou mieux, un blog. Et au-delà des blogs de vignerons, il existe sur le Net de multiples blogs et de forums d’amoureux du vin parlant de vignerons et de leurs vins. “Les avis donnés dans ces forums, ce bouche-à-oreille sur Internet, ont un impact sur les consommateurs” note Anne-Sophie Lerouge.
“En France, le vin est encore traité de façon très relationnelle, observe Patrick Prieur. Invité lors de la table ronde des VIF, ce journaliste à France Bleu Touraine anime une émission gastronomique quotidienne et invite des vignerons. “Quand le vigneron est bon à l’antenne, il parle de son vin avec passion et dans un langage basique. Je ne veux pas qu’il me parle sucres résiduels. Les vignerons qui ont une histoire à raconter apportent un plus. Le viticulteur qui fait de la location de ceps a aussi beaucoup de succès. Chacun d’entre nous rêve d’avoir sa vigne.” Le journaliste a toutefois fait part de ses difficultés à parler du vin à la radio. “Nous devons dire toutes les deux minutes le message ‘avec modération’ et nous ne pouvons pas recevoir de vignerons aussi souvent que l’on voudrait”.


Et pourquoi une campagne collective sur le vin ?

La communication autour du vin peut se faire par de multiples portes d’entrée : économie, aménagement du territoire, art de vivre, tourisme, paysages... “L’autre jour, j’ai reçu deux bus de lycéens. Leur prof considérait que la visite d’un vignoble faisait partie de la découverte de la région, du terroir, confie Laure Dozon, jeune viticultrice en AOC Chinon et présidente des VIF Centre Val de Loire. Lors de la dégustation, je les ai invités à cracher.” L’initiation des jeunes au vin est essentielle pour le renouvellement des consommateurs. Or une part importante des jeunes n’aiment pas le goût du vin. “Et ils n’en boivent pas parce que c’est aussi pour eux la boisson de papa” note Agnès Payan, 1ère vice-présidente nationale des VIF.
Il s’agit dès lors d’initier les petits écoliers, comme le font les cahiers du Grain de raisin en Gironde ou “l’Univers du goût” créé en Alsace en partenariat avec l’Education nationale et qui se développe en Champagne. Des initiatives non axées sur le vin mais relevant d’une éducation au goût et aux saveurs. “Quelqu’un qui ne sait pas goûter peut être manipulé, souligne Mélanie Fauconnier, animatrice à l’association Slow Food. L’école prévoit l’éducation civique, l’éducation sexuelle mais qu’en est-il de l’éducation du goût ?” Pour Agnès Payan, il est urgent de lancer “une campagne collective sur le vin”, comme les professionnels du sucre ont su le faire il y a quelques années.

Ingrid Proust/Ligérienne de presse
Source : Vins-vouvray.com

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