Noël Pinguet, responsable du domaine Huet, à Vouvray
Plus bio que bio, il y a les biodynamiques !. Le viticulteur Noël Pinguet, responsable du domaine Huet, à Vouvray , est un précurseur en la matière.
La maison Huët, située à Vouvray même, fut créée en 1928 par Victor Huet et son fils Gaston. Aujourd'hui, c'est le gendre de ce dernier, Noël Pinguet, qui s'occupe du domaine, entièrement exploité en biodynamie. Une technique inventée au début du XXème siècle par Rudolf Steiner, mais dont l'application en viticulture doit beaucoup aux vignerons angevins François Boucher (Montreuil-Bellay) et Nicolas Joly (savennières).
Déconcertant
Ce procédé est plus qu'une technique : c'est une véritable philosophie, que Noël Pinguet a découvert en 1987, au cours d'une conférence, avant de commencer à l'appliquer sur son vignoble en 1988 ; ce qui en fait l'un des premiers du genre en Touraine. À l'époque, les confrères de Noël Pinguet l'ont regardé avec des yeux ronds. "Cela m'a valu des quolibets de l'ensemble de la profession" , se souvient-il aujourd'hui. "Scientifique de formation, avec un esprit cartésien, je reconnais que cette méthode avait pour moi des côtés déconcertants. Mais j'ai fait des essais qui ont donné des résultats satisfaisants. Je suis un biodynamiste pragmatique. Comment ça marche ?. Je n'ai pas toutes les réponses. Mais ça marche..."
Les "côtés déconcertants" de la biodynamie, dont l'objectif est de faire en sorte que la vigne reste en bonne santé pour qu'elle ne soit pas malade, ne sont certes pas ces techniques bio qui n'étonnent plus de nos jours : sol travaillé mécaniquement en accord avec les méthodes traditionnelles, sans aucun désherbant chimique, ce qui permet de conserver la vie microbienne du sol ; engrais organiques produits sur l'exploitation à partir de fumier de bovin et de paille compostée ; traitement pour protéger le vignoble à base de bouillie bordelaise (sulfate de cuivre neutralisé à la chaux), soufre en poudre, tisane de plantes (prêle, ortie, achillée millefeuille). D'autres procédés, moins connus, entrent en ligne de compte.
L'influence des astres
C'est là, sans doute, que certains tiquent un peu, puisqu'il s'agit de "libérer l'esprit de la plante de sa matière". Les influences cosmiques prennent une large place ; elles aboutissent à l'organisation d'un calendrier des semis sur lequel se caleront les viticulteurs pour effectuer tel ou tel travail. Plus étonnant, certaines préparations consistent à placer de la bouse de vache dans une corne qui sera enterrée dans le sol pendant l'hiver, afin de capter les forces de vitalisation. Le produit obtenu sera répandu sur le sol à une certaine date, et même à partir d'une certaine heure. D'autres préparations, à base de silice broyée dans une corne de vache enterrée pendant l'été (pour capter les forces du soleil), seront pulvérisées sur les feuilles au lever de l'astre. La vinification, elle aussi, se fait en respectant la position de la Lune. De fait, on peut comprendre que le monde viticole ait été saisi de nombreuses interrogations... Et pourtant, les résultats sont là : sans produits chimiques de synthèse, la vigne exploitée en biodynamie resplendit. Quand au vin obtenu, "la spécificité du terroir est plus marqué, et il y a plus de minéralité", selon le vigneron.